C'est toujours difficile de prendre la décision de partir. C'est jamais le bon moment: "c'est la crise, est ce qu' on va retrouver du travail au retour?", " est ce bien raisonnable de mettre tout cet argent dans un voyage?", "on est bien installés quand même, on va devoir repartir à zéro à 36 et 37 ans"… Mais bon, il y a des projets qu'on veut accomplir, alors on se donne les moyens et on se lance. A 2. Avec du recul, je ne pense pas (je suis sure), que je n'aurais pas pu faire ce voyage seule. C'était super de le partager, de le vivre ensemble.
Mais c'est aussi un vrai défi : 24heures/24 ensemble… on avait beaucoup voyagé, on se connaissait déjà bien (on a fêté nos "10 ans" au Pérou ) ; on n' a rien découvert de nouveau. Sauf peut être pour moi, un sentiment de perte d'autonomie… Je sais pas pourquoi, mais tous les jours, pour acheter des fruits ou de l'eau (ahhh comme il en avait ras le bol David!!!), j' avais besoin de lui! On faisait tout à 2. On n' a pas passé une heure par mois l'un sans l' autre….Et oui, c 'est possible!!!
Je sais, parce qu'on nous pose déjà la question, qu'on va nous demander: "Qu'est ce que vous avez préféré de ces 16 mois?". A chaque fois, on se regarde (avec David) et on est bien incapables de donner une réponse claire. Impossible de synthétiser toutes ces expériences en 2 mots. On a tout aimé; pour des raisons différentes.
L'Amérique du Sud, ça aura été les grands espaces ( après 8 ans à la Réunion, on en a pris plein les mirettes), le trek, le dépassement physique (objectif 6000 du voyage atteint!), l'espagnol 24/24 et les rencontres. Quelle joie quand on repense à ces moments passés entre copains ou simplement avec quelqu' un rencontré dans un bus pour quelques heures, ces discussions interminables, ce partage de "bons plans", d' expériences. Que de "personnalités" on a rencontré, de destins extraordinaires, de parcours différents. Ouahhhhh, qu'est ce que c'est enrichissant. Et plus encore, nous sommes tellement contents d'avoir toujours des nouvelles de certains même si leur voyage est terminé. Car le voyage, ça lie. Entre voyageurs, on se reconnait, on aime discuter des endroits où l'on a été, partager, donner envie à l'autre. Les amoureux du voyage ont cette soif de toujours découvrir plus. On n'est jamais rassasié. Sitôt rentré, on ne pense qu'à une chose : repartir… Il y a tellement de belles choses sur Terre. Bon c'est vrai qu'on s' est souvent dit "Dommage, on vient trop tard. Les choses ont changé". Mais au final c'est pas grave. C'est le cours normal des choses. On a rencontré récemment un couple, la soixantaine, qui voyage depuis très longtemps tout autour du monde. Ils étaient désabusés: " tout est pollué- il n' y a plus d'animaux/ de poissons- c'est cher- les locaux sont pas sympas"… Ils veulent maintenant rester en France car ils pensent qu'ailleurs: "ça vaut plus le coup". Nous, on n'en est pas encore là;-)
Alors c' est vrai, les choses changent : les neiges éternelles du Kilimanjaro vont disparaître, les glaciers reculent, les routes se construisent au Laddak et au Zanskar (et les treks disparaissent), on ne voit plus de requin marteau aux Philippines, les plages du sud de la Thaïlande sont bondées en saison…Mais on découvre d'autres choses, il y a encore plein d'endroits magnifiques.
Voyager fait prendre conscience que les chances ne sont pas les mêmes pour tous. Tu râles quand tu vois un cambodgien balancer ses poubelles à travers la vitre du bus ou dans un fleuve. Mais après ce voyage, tu comprends. La culture, l'histoire du pays, les moyens, sont différents des notres. C'est rigolo (ou pas) de voir l'air étonné de la caissière quand tu lui dis "no plastic bag" (=sachet plastique) quand tu as acheté un paquet de gâteaux. Ahhh ces touristes…
Nous on comprend pas pourquoi les locaux ne descendent pas au même arrêt que celui demandé par leur voisin… un bus peut s' arrêter 10 fois dans un village tous les 50m...
Pourquoi est ce que nous, touristes, on paie pour faire du trek??? Pourquoi "se faire mal", porter son sac de rando (alors qu'il y a des porteurs) pendant des heures…
Mais je m'égare.
L'Asie, c'était un voyage différent: on a retrouvé la chaleur, une cuisine qu'on adore, la plongée, la moto, un environnement tropical qu'on connait si bien.
Est ce qu'on est contents de rentrer? Pas vraiment. J'ai eu un petit coup de mou à la fin de l 'Amérique du Sud. Je crois que j'étais fatiguée physiquement. Les ascensions, les treks, ont été très exigeants. J'ai souffert du froid, de l'altitude. Mais aujourd' hui, je ne pense qu'à une chose: aller enfin faire la traversée du Zanskar dans l'Himalaya Indien le plus vite possible. On ne se refait pas!
Quel regret aussi de ne pas avoir pu aller en Océanie. C'était un choix (financier). Mais qu 'est ce qu 'on aurait aimé aller en Nouvelle Zélande et en Nouvelle Calédonie. Enfin… On en aura quand même bien profité;-)
Grâce à skype et aux mails nous avons gardé le contact avec vous (amis et famille) (désolés, on n'a pas envoyé beaucoup de cartes postales…). Vous pouvez pas savoir combien c'était important pour nous d' avoir de vos nouvelles, des photos… On a hâte de vous revoir, de voir combien les petits bouts ont grandi, de rencontrer ceux qui sont nés pendant notre absence.
De quoi j'ai envie là? D'abord de changer de fringues…c'est une catastrophe. Entre celles que j'ai perdues et celles qu'on m'a volées…il me tarde de mettre de nouveaux vêtements (que je pourrai changer tous les jours; quel luxe! je pourrai enfin porter du blanc- couleur bannie par les voyageurs), de mettre des chaussures sympas autre que les XAPRO 3D et les savates, de me faire couper les cheveux, de porter des bijoux, ma montre (enfin!), de manger un sandwich avec un pain au pavot et du jambon de pays, des yaourts (nature) avec du miel, des cerises, une choucroute ;-), des makis, tous ces trucs auxquels tu penses quand t' en baves pendant un trek difficile.
En tous cas, on aura appris que, quelque soit l'expérience du voyage que tu as, tu es TOUJOURS confronté à de nouvelles situations: On s'est souvent dit: "celle la, on nous l'avait pas encore faite!
Il est temps de rentrer, c'est comme ça. Est ce qu'on repartira? Surement. Comment? Quand? Pour le moment on ne peut pas le dire. J'espère juste que nous serons heureux dans notre vie, là où nous serons. C' est donc une nouvelle aventure qui commence...
Hasta luego
Take care
Kop khun krap
Gros bisous à tous
Anne & David
Petite explication pour cette photo: on enregistre nos bagages à Bangkok, jusqu' à Paris, via Kuala Lumpur. Jusque là, tout va bien. Au moment de passer le portique avec les bagages à main, David me regarde avec ses grands yeux et me dit "ohhhhh merde……"
- quoi encore?
- j'ai le couteau-suisse dans la poche….
16 mois qu' on voyage, on y a toujours fait super attention, encore le matin je lui dis qu'on doit mettre les ordis de plongée en cabine (j' en ai déjà bousillé un en le mettant en soute ) et de mettre nos couteaux en soute. Biensur, il m'écoute que d' une demi-oreille…
Bref, comment on va faire? David pense à passer le contrôle avec le couteau, mais avec les problèmes du vol de la Malaisia Airlines, les contrôles se sont renforcés. Et puis faut aussi passer à Kuala… L' hôtesse nous propose d'acheter une boîte, de le mettre dedans et de l'enregistrer. On est sceptiques mais c'est ça ou 40€ à la poubelle… On tente. C'est le bagage de la journée à la Malaisia. Tout le monde nous regarde préparer ce mini-paquet. Et quelle surprise de le voir à CDG…. pour une fois, on a eu de la chance!!!
Ca y est, on est en France- Quick de la gare de l'est |